Page:Leconte de Lisle - Histoire populaire du Christianisme, 1871.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
Histoire du Christianisme.

au-dessus des choses sensibles ; leur plus haute conception est le Démiurge Jéhovah. Enfin, les spirituels ou pneumatiques possèdent la vision et le sens de la vérité et se conforment librement à leurs destinées sublimes.

Les Pères de l’Église ont reproché une immoralité profonde aux Valentiniens ainsi qu’à tous les autres Gnostiques. Dans notre impartialité, nous engageons fortement les esprits libres à n’ajouter aucune foi aux calomnies probables des Pères, et les Catholiques à croire pieusement qu’ils ont dit vrai.

En 141, le Syrien Cerdon vint aussi à Rome. Il était dualiste, c’est-à-dire qu’il croyait en deux principes, en deux origines de toutes choses, l’un excellent, l’autre mauvais. Le premier avait créé les Esprits et engendré Jésus-Christ ; le second avait produit le monde matériel. Cerdon rejetait l’Ancien Testament et n’admettait dans le Nouveau que l’Evangile de saint Luc dans lequel il choisissait ce qui lui convenait.

Le pape Hygin mourut le 6 janvier, an 142, sous Adrien. Pie Ier lui succéda.

Marcion, fils d’un évêque du Pont, ayant été excommunié par son père, embrassa la doctrine de Cerdon, en 144, et fit de si nombreux prosélytes que son nom est resté attaché à cette hérésie. De là, les Marcionites. Les Pères de l’Église ont beaucoup écrit contre Marcion, entre autres, saint Théophile d’Antioche, saint Denys de Corinthe et surtout Tertullien.

Vers cette époque, Héracléon répandit ses erreurs,