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Quatrième siècle.

trois personnes distinctes peuvent elles exister dans une substance simple ? La seule issue possible était d’admettre trois êtres distincts dans une substance unique, ce qui est incompréhensible mais non contradictoire. » L’abbé Guyot nous stupéfie. Son raisonnement est aussi fort que celui-ci : Comment admettre que ce qui est carré est rond ? en admettant que ce qui est rond est carré.

Arius appuyait sa doctrine sur les passages des Évangiles où Jésus-Christ se dit inférieur à son Père et soumis à sa volonté. Plusieurs évêques se rallièrent à l’Arianisme et le défendirent, Eusèbe de Nicomédie, entre autres. Il y avait longtemps d’ailleurs que beaucoup d’Églises étaient Ariennes avant Arius. Saint Denys d’Alexandrie professait l’inégalité des deux premières Personnes et ne considérait le Saint-Esprit que comme une simple créature. De sorte que l’Arianisme se répandit rapidement en Égypte, en Lybie et dans la Thébaïde supérieure. Tout l’Orient fut agité par les discussions théologiques.

Constantin, voyant que les fidèles étaient troublés par l’anarchie qui s’était emparée des Églises, se hâta de réunir un grand Concile général à Nicée, en Bithynie, l’an 325. Deux mille quarante huit évêques s’y rendirent ; mais comme il s’agissait de statuer sur la divinité du Christ, on renvoya mille sept cent trente d’entre eux qui n’y croyaient pas. Il n’en resta donc que trois cent dix-huit seulement. Ces pères de Nicée, dit l’évêque Sabinus qui recueillit les actes du Concile, étaient aussi ignorants qu’ils étaient grossiers. Ces débats furent