Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/306

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Goûtent d’un long repos les voluptés célestes.

Et moi, contemporain de jours prodigieux,
En plaignant les vaincus j’applaudissais aux dieux,
Certain de leur justice, et pourtant dans mon âme
Roulant un noir secret brûlant comme la flamme.
Et je laissais flotter, au bord des flots assis,
Dans le doute et l’effroi mes esprits indécis ;
Songeur, je me disais : — Sur les cimes neigeuses
L’aigle peut déployer ses ailes orageuses,
Et, l’œil vers Hélios incessamment tendu,
Briser l’effort des vents dans l’espace éperdu ;
Car sa force est cachée en sa lutte éternelle ;
Il se complaît, s’admire, et s’agrandit en elle.
Avide de lumière, altéré de combats,
Le sol est toujours noir, les deux sont toujours bas ;