Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/383

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Du sein profond des nuits rejaillissait le jour.
Les Brahmanes montaient, pleins de force et de joie.
Déjà les kokilas, sur le bambou qui ploie,
Et les paons et les coqs au plumage de feu
Annonçaient le séjour, l’inénarrable lieu,
D’où s’épanche sans cesse, en torrents de lumière,
La divine Mâyâ, l’illusion première.
Mille femmes au front d’ambre, aux longs cheveux noirs,
Des flots aux frais baisers troublaient les bleus miroirs ;
Et du timbre argenté de leurs lèvres pourprées
Disaient en souriant les hymnes consacrées ;
Et les Esprits nageaient dans l’air mystérieux ;
Et les doux Kinnaras, musiciens des dieux,
Sur les flûtes d’ébène et les vinâs d’ivoire,
Chantaient de Bhagavat l’inépuisable histoire.