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Que l’aigle olympien ombrage de son aile !
Et là, le lion fauve, ou le cerf aux abois,
Rougira de mon sang les verts sentiers des bois.
Ainsi j’aurai vécu sans connaître les larmes,
Les jalouses fureurs et les lâches alarmes.
Libre du joug d’Éros, libre du joug humain,
Je n’aurai point brûlé les flambeaux de l’hymen ;
Sur le seuil nuptial les vierges assemblées
N’auront point murmuré les hymnes désolées,
Et jamais Ilythie avec impunité,
N’aura courbé mon front et flétri ma beauté.
Aux bords de l’Isménus, mes compagnes chéries
Couvriront mon tombeau de couronnes fleuries ;
Puis, autour de ma cendre entrelaçant leurs pas,
Elles appelleront qui ne les entend pas !
Vierge j’aurai vécu, vierge sera mon ombre ;