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Page:Leconte de Lisle - Poëmes et Poésies, 1855.djvu/134

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Vous disiez vrai : le cœur de l’homme est mort et vide,
Et la terre maudite est comme un champ aride
Où la ronce inféconde, et qu’on arrache en vain,
Dans le sillon qui brûle étouffe le bon grain.
Vous disiez vrai : la vie est un mal éphémère ;
Et la femme bien plus que la tombe est amère !
Aussi, loin des cités aux bruits tumultueux,
Avec le crucifix et le bâton noueux.
Et du nimbe promis illuminant vos têtes,
Vous fuyiez vers la mort, pâles anachorètes !
Pour que nul œil humain ne vous revît jamais
Vous montiez çà et là sur d’inféconds sommets,
Et confiant votre âme aux souffles des orages,
Laissiez dormir vos os dans les antres sauvages.
Ou parfois, en songeant, sur le sable embrasé,
Que tout lien charnel ne s’était pas brisé,