Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/103

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Ou cet autre pasteur qui soullre, et que. tourmente
La danse d’une vierge aux bords de l’Érymanthe.
Eh ! qui, dans mon enclos, que tes pieds ont foulé,
N’attirerait le vol du quadrupède ailé !
Là ta blanche Camille, et ta jeune captive,
Et Mnazile, et Néère, et ta Lydé plaintive,
Comme un chœur d’Ossian, venu pour te chercher,
De leurs nuages grecs semblent se détacher :
Et, me tendant de loin ta docte lyre, humide.
Des larmes qu’à tes vers enseigna Simonide,
M’ordonnent de chanter ; mais ton sang que j’y vois,
Ton sang tout tiède encore effarouche ma voix,
Et je n’ose, troublé de funestes images,
Vers tes mânes absents hasarder mes hommages.

L’Ombre de Callimaque eut soin de ton berceau :
Et tu crus, jeune ancien, qu’un tranquille vaisseau
Te ferait éviter les écueils de l’envie,
Et traverser, content, l’archipel de la vie !
Ah ! tel n’est point le sort des esprits vigoureux ;
Et le malheur, semblable aux guides ténébreux,
Oui nous font, à travers le péril des montagnes,
De la belle Italie aborder les campagnes,
Le malheur nous conduit à l’immortalité :
Notre terre promise est la postérité :
Du présent dédaigneux elle acquitte la dette.
Tout pays est de glace aux accents du poète.