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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/116

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On voulut, mais en vain, ramenant sa raison,
De cette âme malade écarter le poison ;
De son amour jaloux rivale inexorable,
La lumière y creusait une plaie incurable.
Lorsque du rossignol le nid silencieux,
Au chant de l’alouette abandonnait les ciéux,
Léonie écoutait : et son amour sévère
Accusait de retard le baiser de son frère.
Eudoxe, déjà loin du lit et du sommeil,
Épiait, sur les monts, le retour du soleil.
Honteux de ce bonheur, que sa maîtresse ignore,
Il allait jouir seul, s’enivrer de l’aurore ;
Et la vierge pleurait, en répétant tout bas :
Je ne vaux pas le jour ; l’ingrat ne m’aime pas.
Elle disait encor, quand, de sa main d’ébène,
Des tournois étoilés le soir rouvrait l’arène :
Toutest plusbeau que moi, la moindre nuit vaut mieux,
Que la nuit sans étoile, où demeurent mes yeux.

Eudoxe, avec chagrin, vit la noire tristesse,
Du front de Léonie obscurcir la jeunesse.
Tout devenait pour elle un moyen de souffrir ;
Rien de ce qui guérit ne pouvait la guérir,
Et sans cesse des pleurs d’un lugubre présage,
De ses beaux yeux muets tombaient sur son visage.
Quand Eudoxe, avec elle, assis dans leur verger,
N’admirait rien tout haut, pour ne pas l’affliger :