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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/151

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ÉLÉGIE
SUR LA MORT DE MA MÈRE.


Dieu ne se complaît pas aux chagrins sans ressource :
Et de la poésie il ouvre en nous la source,
Pour que l’homme, plié sous le faix du malheur,
Puisse, en la célébrant, consacrer sa douleur.
Il tombe, croyez-moi, bien des pleurs d’une lyre :
Les poètes émus chantent comme on respire,
Et, mouillés dans le cœur d’un dictame pieux,
Nos vers ne sèchent pas si vite que vos yeux.
Je l’éprouve aujourd’hui : mes paupières avares
Ne me fournissent plus que des larmes trop rares :
Ma soif d’affliction ne sait où s’étancher :
Et, dans ces vers plaintifs cherchant à m’épancher,
J’y jette, heure par heure, avec ma plume amère,
Les pleurs, qui m’ont manquépourregrettermamère.


Depuis près de trois ans, sur son front suspendu, Le coup qui l’a frappée était bien attendu ;