Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/17

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jusqu’à l’acharnement, n’épargnant pas ce qui me paraissait le bien, quand il s’agissait d’atteindre le mieux, qui n’en est pas, quoi qu’on die, l’ennemi déclaré. Si je n’ai pas rejeté de ces feuilles quelques pièces, sans doute trop nombreuses, échappées à l’impatience d’un âge, qui ne devrait songer qu’à s’instruire, c’est que j’ai cru apercevoir dans ces premières ébauches des qualités, qui en compensaient les défauts. Je puis m’être abusé sur les qualités ; quant aux défauts, sur lesquels il était difficile de me méprendre, j’ai cherché à les effacer ou à les affaiblir, de manière à mettre mes vers les plus anciens à peu près de niveau avec les plus récents. La tâche était longue, et pénible : car ce n’est pas chose facile que de se rhabiller de sa jeunesse, sans se dépouiller pourtant de son expérience. Maintenant qu’il est terminé, je puis dire que ce travail était effrayant, et qu’il fallait quelque vertu pour l’achever : d’autant plus effrayant que, ayant commencé de fort bonne heure à écrire et n’ayant jamais cessé de travailler, je n’ai pas dû atteindre la virilité, sans avoir fait quelques progrès. La conséquence n’est pas absolument rigoureuse : mais elle peut se soutenir ; il n’est pas tout à fait invraisemblable d’avancer, quand on marche. Je ne demande pas qu’on me tienne compte de mes efforts : je désire seulement qu’ils témoignent de mon respect pour l’art et les amis qui me liront.