Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/18

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Je n’ai point, dans l’arrangement de ces poésies, consulté l’ordre des dates, qui me paraît plus raisonnable qu’habile, préférant le caprice des contrastes aux exigences de la chronologie. Je les ai, dans ce système, classées le plus adroitement que j’ai pu, et divisées en six livres, qui ont chacun leur nom. Ces titres de fantaisie n’ont pas besoin de commentaire, sauf le premier peut être, que j’appelle Crédence. On nommait ainsi chez nos pères un meuble, où les prêtres enfermaient leurs ornements, leurs missels et leurs bréviaires : les châtelains leurs trésors, leurs titres de noblesse et de propriété : les châtelaines leurs bijoux, leurs parures et leurs lettres d’amour, quand ceux qu’elles aimaient savaient écrire. Possédant un de ces meubles rares, où je n’avais rien à mettre de précieux, ni crosses, ni rochets, ni trésors, et pas plus de parchemins que de billets doux, j’y avais déposé une partie de mes œuvres. Je leur ai donné le nom de leur portefeuille. C’est dans ce livre et dans le second, intitulé L’herbier, qu’on trouvera ceux de mes premiers écrits, que j’ai eu la faiblesse de conserver. Bien que je me sois appliqué, je le répète, à être un censeur impitoyable, cela n’empêchera personne de me reprocher un excès d’indulgence pour moi-même. Je n’essaierai pas de m’en défendre. Qu’on sache pourtant que ce n’est ni par vanité ni par aveuglement que je réveille