Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/191

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Vos méditations, vos lourds gémissements !
L’Hélieon, grâce à vous, est devenu barbare ;
On y grince des dents plus qu’au fond du Tartare.
L’élégie, aujourd’hui, s’étonnant de ses pleurs,
Dans un psaume éternel étale ses douleurs.
Parce qu’on vous a dit qu’on rampait sur la terre,
Vous voulez jouer l’aigle et son vol solitaire,
Et, gonflés de vous-même, empâtés de sommeil,
Désaltérer vos yeux aux sources du soleil :
Ou, le soir, emportés sur un char de nuage,
Au chant du rossignol qui se plaint sous l’ombrage,
Jusqu’au globe embrumé de la lune qui dort,
De vos vagues amours balancer le transport !
Vos vers sont des tableaux, votre plume une lyre !
Moi, je trouve Dorat plus agréable à lire.
Lui, ne dédaignait pas de célébrer Iris,
Et d’offrir à Sylvie un bouquet de Chloris.
Voilà des procédés dignes d’un mousquetaire !
Et j’ai vu Cupidon, débarquant de Cythère,
D’une flèche de plus percer l’heureux vainqueur ;
Mais vous, c’est le chagrin, qui nourrit votre cœur.
Vos yeux sont toujours prêts à lever leurs écluses :
Vous bêlez des sanglots à faire enfuir les Muses :
Et pour qui, juste Dieu ! vous chantez Maria,
Tullia, Malvina, Bertha, Victoria,
Dolorida ! Ma foi, mon cher, c’est ridicule.
Je vous passe Délie, en faveur de Tibulle :
Elle était jeune et belle.