éparses : de leur donner, en les imprimant, une sorte de livrée littéraire. J’ai long-temps combattu cet avis, puis j’ai fini par le suivre. C’est toujours comme ça qu’on finit, quand on est poète, ou qu’on croit l’être.
» N’ayant pas la présomption de compter sur un grand nombre de lecteurs, j’ai dû laisser à cet ouvrage le nom, que je lui avais donné dans l’abandon du foyer, et pour le distinguer à mes yeux de quelques œuvres non pas plus sérieuses, mais que je croyais plus importantes. Le titre seul indique qu’il s’adresse à peu de monde, et je ne l’adresse en effet qu’à ces âmes chagrines qui souffrent, et qui craignent d’écrire ce qu’elles seraient bien aises d’écouter. Que ce livre leur serve de memento ! Qu’on dise, en le lisant, avec le poète anglais Coleridge : Bénis soient les chants dont l’affliction console l’affligé sur sa route ! Je n’ai pas d’autre ambition. Il serait trop ridicule de prétendre envahir la curiosité avec des songes et des plaintes d’amour, avec des vers moroses, qui ont besoin, pour avoir quelque prix, d’être lus où ils furent écrits, dans la solitude.
Je ne demande pas grâce pour quelques expressions démonnoyées que j’ai tenté de remettre en circulation, de tirer, comme dit Dubellay, du froid