Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/21

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tombeau d’oubliance. Je suis tout prêt à convenir, non pas qu’elles sont mauvaises, mais que je les ai mal employées. Je réclamerai plutôt l’indulgence pour quelques allusions trop fréquentes au malheur du génie, à la malveillance de la gloire. Ce n’est nullement par orgueil que j’ai prononcé mes anathèmes, murmuré mes récriminations ; c’est simplement, qu’il y a des heures où, écrasé par le chagrin, on veut se relever en s’attribuant des qualités que l’on n’a pas, ou s’apitoyer soi-même sur sa chute, en exagérant la hauteur dont on se fait tomber. Cela pourrait passer tout au plus pour du luxe de douleur : ce n’est pas de la fatuité.

» Quelques personnes pourront s’étonner que, dans ces mémoires, il n’y ait aucune gradation de sentiment entre deux pièces qui se touchent, aucune transition, même imperceptible, d’un excès de tendresse à un excès d’amertume. Cette imperfection peut dépendre des nombreuses suppressions que j’ai été obligé de faire, pour épargner au lecteur l’égoïsme de mes détails. Elle tient aussi au désordre que j’avais mis dans ces pages, dont la moitié peut-être s’est égarée ou perdue. Les demi-teintes sont restées dans mon portefeuille, ou dans des portefeuilles dont je n’ai plus la clef. »

J’ajouterai aujourd’hui qu’en revoyant, au bout