Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/204

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Et comme le soleil, dont la flamme féconde
Embrase, en s’éveillant, touslescieux qu’il inonde,
La mort de Jésus-Christ, propice à nos douleurs,
Ruisselle encor partout où l’on répand des pleurs.

V.
Quand Dieu, contre ses fils de blasphèmes prodigues,
Dos mers du firmament eut fait tomber les digues,
Et, des mers d’ici-bas gonflant l’humide orgueil,
Leur eut dit d’accomplir leur mission de deuil,
Le chaos s’avança sous les traits du naufrage ;
L’eau prit l’air pour son lit, le ciel pour son rivage :
Les astres crurent voir chavirer leur flambeau :
La terre ne fut plus que son propre tombeau.
Mais ne supposez pas que son Dieu l’abandonne !
Après l’avoir punie, il faut qu’il luj pardonne.
En s’immolant pour elle, il la protège encor,
Et de son sang versé le fertile trésor
Injecte de jeunesse un monde infirme et chauve :
Perdu par un déluge, un déluge le sauve ;
Mais de ce dernier fleuve embrassez donc le cours !
L’un déborde un moment : l’autre coule toujours.

VI.
Les humains, de tout temps, ont fait, sur leur poussière,
Errer des immortels la foule aventurière :