Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


III.
LA TOMBE DE VIRGILES.
Je suis au but ! mes pas ont touché l’Italie.
Des chauds reflets du ciel la nature embellie,
De leurs poudreux loisirs va tirer mes pinceaux :
Ma voix, qui sommeillait, conçoit des chants plus beaux
Et déjà sous mon front, qu’a vieilli la tristesse,
Je sens, avec l’oubli, remonter ma jeunesse :
Mon sein bat d’avenir et du besoin des cieux :
La gaîté de la vie éclate dans mes yeux.
Aux fentes de nos cœurs l’espérance qui filtre,
Des muses, goutte à goutte, y réchauffe le philtre,
Et mes songes d’amour, que la cendre a couverts,
Vont tous se rallumer pour me dicter des vers.

Ainsi je m’écriais, quand, le long du rivage,
Qu’avait à peine encore effleuré mon voyage,
De l’Homère latin je gagnais le tombeau ;
Mais, de mon àme en vain secouant le fardeau,
Je voulais m’agiter d’une sorte de joie :
L’ennui, comme un vautour, avait repris sa proie.
Le Vésuve, argenté des neiges de l’hiver,
M’attirait aussi peu qu’Amalfi toujours vert,