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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/217

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Ou Stabia qui dort à l’ombre do ses gerbes,
Comme un vaisseau de fleurs, amarré dans les herbes.
Frêle arbrisseau du pôle, au midi transplanté,
Je croyais, sous la zone où Virgile a chanté,
Sentir, comme les sucs d’une essence divine,
La sève de sa lyre imbiber ma racine :
J’y rêvais de ses fruits le trésor inspiré,
Et j’avais cru qu’un air, de ses feux saturé,
Ferait, en m’inondant d’une clarté nouvelle,
De mes bourgeons éteints jaillir une étincelle ;
Mais rien d’un jour nouveau ne venait m’avertir,
Et, sans être arrivé, j’aurais voulu partir.

Tandis que j’avançais vers cette solitude,
Qu’implorent de si loin le travail et l’étude,
Mes yeux, du Pausilippe essayant les hauteurs,
Y cherchaient d’Apollon les autels protecteurs ;
J’y vis l’humble sépulcre, où, sans croire aux miracles,
J’allais du grand poète évoquer les oracles :
Et je disais tout bas, ne pouvant mieux prier,
L’églogue de Gallus, pour me purifier.
Les amandiers courbés sous leur blanche parure,
Et des champs rajeunis la première verdure,
Semblaient se concerter pour embellir les bois,

OU DORT LE CHANTRE HEUREUX DES BERGERS ET DES ROIS.
Des chœurs de passereaux célébraient leurs matines : Des hymnes de parfums montaient des aubépines,