Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/218

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Pour leur répondre : et moi, jallais toujours, surpris
D’aborder un tombeau par ees sentiers fleuris :
Ma surprise avait tort : c’est celui de Virgile,
Homme à part, qui n’eut rien des erreurs de l’argile,
Et nous fit, en mourant, le plus sublime adieu,
Pour préparer la terre à voir mourir un Dieu.

Vainement sur ce sol, trempé de poésie,
J’aspirais du trépied la sainte frénésie :
Aussi morne, plus froid que le marbre glacé,
Où le nom de Virgile est le seul effacé,
De sa cendre pour moi la place était aride :
Comme son urne, hélas ! ma pensée était vide.
L’aspect d’un beau pays, si pur, si jeune encor,
Qu’il faut y voir mourir pour y croire à la mort :
Cet asile où Pétrarque, inclinant son génie,
De ses accords toscans médita l’harmonie :
Ce monument qui pleure au versant d’un coteau,
Que le Tasse peut-être aperçut du berceau :
Rien n’a pu réveiller mon âme Basque et lourde ;
Ma langue était muette, et ma lyre était sourde.

Vous qui cherchez ici le laurier studieux,
Qu’y vint planter d’Arqua l’ermite harmonieux,
Vous n’y trouverez plus son ombre solennelle :
Cet arbre de la gloire est plus fragile qu’elle,