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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/219

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Et la ronce parcourt son temple délabré.
Par un décret d’Horace aux Muses consacré,
Le lierre indifférent semble les méconnaître,
Et roi de leur demeure, il la dégrade en maître.
Sur ce seuil hérissé d’un gazon vénéneux,
Où frissonne l’ortie et son deuil épineux,
Vous n’apercevrez pas, dernier reste de flamme,
S’échappant du cercueil comme un rayon de l’âme,
Jaillir la primevère ou le myosotis.
Solitaire ornement de ces lieux pervertis,
Je ne vis là dormir qu’une humble violette,
Qui, penchant vers le sol sa couronne incomplète,
Semblait chercher son ciel du côté du sommeil,
Et venir du tombeau plutôt que du soleil.
J’attendais son parfum ; mais elle était de celles,
Qui vivent pour les yeux, et n’ont pas, quoique belles,
Ce langage embaumé que nous parlent ses sœurs ;
Muette, comme moi, sous ces marbres penseurs,
J’y fus presque sensible : et, de mon beau voyage,
Je ne rapporte rien, que cette fleur sauvage.