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IV
L’IMBOVISATEUR NAPOLITAIN.

L’homme est sombre et rêveur sous notre ciel glacé :
Toujours contre le temps armé d’un long reproche,
Il se fait malheureux jusque dans son passé :
L’avenir n’est pour lui qu’un présent qui s’approche.
Toujours à ses tourments mesurant ses désirs,
Il semble avec regret savourer ce qu’il aime,
Et le luth, qu’il condamne à chanter ses plaisirs,
Prête un air de tristesse à la volupté même.

Oh ! qu’il fait bien plus doux d’être né sous les cieux,
Qu’embellit du soleil la chaleur familière,
Soit aux vallons d’Enna, soit aux champs radieux,
Où le Vésuve arbore un drapeau de lumière !
C’est là que l’existence a tout l’éclat du jour ;
Là, de ses passions, l’homme heureux qui s’enivre,
Même en le combattant, ne maudit pas l’amour,
Et quand nous en mourons, il sait encore en vivre.

De nos plaines du nord le riche laboureur
Fait-il plier ses chars sous le blé des javelles !