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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/221

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Sa joie est un éclair, qu’efface la terreur,
Et ses nouveaux calculs sont des transes nouvelles.
Le prix qu’il en attend ne paira point ses grains !
Un orage imprévu peut consumer ses granges !
Sa’prévoyance avare est fertile en chagrins,

Et sûr de ses moissons, il craint pour ses vendanges.
Regardes le pasteur du sol napolitain !
Jamais sa pauvreté n’a connu la souffrance :
Si la terre est ingrate, et le ciel incertain,
Sa gaîté paresseuse a l’air de l’espérance.
De son toit qui s’écroule il fuit sans s’émouvoir,
Et, comme sous un dais, couché sur l’algue chaude,
Le pâtre se sent roi quand la vague du soir
Apporte à ses pieds nus son tribut d’émeraude.

Quand sur les Ilots brunis la brise est de retour,
Quand les filets tirés s’endorment sur le sable,
Quand la barque, oubliant les fatigues du jour,
A l’anneau du rivage a rattaché son câble,
Près du cap de Misène écoutez le pécheur !
Au bruit léger des eaux qui semblent lui sourire,
Il prélude, bercé par leur molle fraîcheur,
Et met son indigence en fuite avec sa lyre.

Une femme à ses pieds, son fils à ses genoux,
Environné d’amis qu’il doit à sa misère,