Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/228

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De tes honneurs tombés consolateur agreste,
Sa pâleur éloquente en dit plus que leur reste.

Cette terre aujourd’hui corrompt jusqu’au soleil,
Et ses rayons, armés d’un fébrile sommeil,
S’ils n’allument la mort, font germer la folie,
Aux lieux même, où jadis les beautés d’Italie,
Venaient dans un air pur respirer la santé,
Et, s’il fallait mourir, mourir de volupté.
Le fleuve, dont l’azur berçait les roseraies,
N’a plus à réfléchir que de sales ivraies,
Et roule sur ses bords, autrefois enchantés,
Des flots troubles et lourds, par la soif redoutés.
Presqu’aussi dévastés que ces plages qui tuent,
Sur ces mornes débris d’autres débris remuent :
Ce sont les habitants, qui semblent, à nos yeux,
Les spectres décrépits de leurs propres aïeux.
Infirmes héritiers d’une antique mollesse,
Leur triste pauvreté dégrade leur paresse.
Ces champs, dont ds devraient réveiller les sillons,
Dorment comme eux. Couverts de trous et de haillons,
Us vivent là sans bruit, troupe fétide et vile,
Qui dévore en silence un cadavre de ville.
Des broussailles, des vers, remplaçant les Romains,
Des guenilles de marbre et des loques d’humains,
Un air malsain, nuisible aux hommes comme aux choses :
Voilà, voilà Pestum, capitale des roses !