Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/231

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D’arabesques de pourpre enflamme les nuages,
On n’a vu s’animer de plus beaux paysages :
On n’entend nulle part, au creux des oliviers,
Dans un parler plus doux converser les ramiers.
Ici c’est un sentier qui, glissant de la dune,
Descend comme un serpent vers l’antre de Neptune
Et va parmi les fleurs, tranquille et sans poison,
Rafraîchir dans les eaux sa tête de gazon.
Transfuge des rochers, là c’est le Tévérone,
Semblable dans sa chute au fût d’une colonne,
Dont les fragments brisés, mais liés en réseaux,
S’enchaînent l’un à l’autre en fluides anneaux :
Puis, du gouffre invisible abandonnant la base,
L’eau remonte en vapeur, et d’un voile de gaze
Roule au-dessus des bois l’errante humidité.
Oue du soleil alors, dans sa course arrêté,
Un regard lumineux, pénétrant cette brume,
Vienne des sept couleurs en imprégner l’écume !
On croirait tout à coup voir, dans les airs surpris,
Sur leurs ailes d’émail nager des colibris :
Ou les trésors fondus des mines de Golconde,
En poussière de perle éparpiller leur onde.
Plus loin c’est l’Anio, dont un bras détourné
Revient en bruissant, de lierre environné,
Du palais de Mécène éveiller les arcades,
Et, des tombeaux romains flottantes sérénades,
Rendre au lit paternel le concert de ses eaux !
Plus loin encor, voyez, à travers les rameaux,