Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/232

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Réunissant en chœur leurs caprices nomades,
Descendre à plis soyeux l’albâtre des cascades,
Harmonieux ruban, qui, du mont bocager,
Semble, en grappes d’accords, moins tomber que neiger.
On croirait que partout, dans l’ombre des yeuses,
Éole a suspendu ses harpes chatouilleuses,
Et qu’à la terre encore attachés par un fil,
Les morts, quittant pour nous leurs étoiles d’exil,
Viennent, comme un écho de nos âmes qui pleurent,
Redemander la vie aux cordes qu’ils effleurent.
Oh ! c’est là, si les dieux sont pour nous complaisants,
C’est là qu’il faut aller savourer leurs présents :
Et, sans nous informer du destin qui doit suivre,
C’est là qu’il faut mourir, puisqu’on voudrait y vivre.

VIII.
CONVERSATION AU BOBD OC TÉVÉRONE.
Un jour d’été, le soir, aux bords du Tévérone,
Sur la mousse et les fleurs que son onde environne
Deux amants erraient seuls le long des églantiers,
Qui du vert Tivoli couronnent les sentiers.
Des nuages, déchus de leur teinte splendide,
Un dernier filet d’or ourlait la moire humide,