Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J’ai peur que de mes maux la mort ne me délivre,
Et prêt à l’appeler, j’ai peur de te survivre.
Te survivre ! Oh jamais ! toi, tu ne mourras pas,
Et je crains ton oubli, bien plus que ton trépas.
Tu ne peux pas mourir, tantque l’amour m’enflamme :
C’est une âme de plus que j’ajoute à ton âme.

BÉATRIX.
Si jeunes, Savella, ne parlons pas d’adieux.

SAVELL.V.
Oh, ne détourne pas si loin de moi tes yeux !
Dis-moi que, si jo meurs, je vivrai dans tes larmes,
Aussi long-temps du moins que dureront tes charmes :
Toujours ; oui, toujours, je serai près de toi,
Et je suivrai tes pas, s’ils sont encore à moi.
Tout esprit, tout amour, j’irai, ma fiancée,
J’irai, dans ton cœur même épousant ta pensée,
L’enlever dans les cieux, ou pour la rajeunir,
Ou pour qu’elle en rapporte au moins mon souvenir.
Tu verras, grâce à moi, grâce à ma vigilance,
La terre, sous tes pieds, ruisseler d’opulence :
J’habiterai pour toi les fleurs qu’ils fouleront :
J’adoucirai les airs aux lieux qui te plairont ;
Autour de tes cheveux mon âme encore éprise
Mêlera ses soupirs aux baisers de la brise,
Et désertant du ciel la pâle volupté,
Nagera dans ta source autour de. la beauté.
De peur de t’effrayer de mon dernier hommage,