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LE CONTE DU FOYER.

PROLOGUE.

Ils ne sont plus les temps, où l’homme était crédule :
Où, lorsque vers minuit la gothique pendule
Serrait sur son cadran ses aiguilles d’acier,
On disait que la mort, sur un pâle coursier,
En attendant du jour les clartés renaissantes,
Visitait son domaine et les tombes récentes.
C’est alors que, le soir, quand l’air froid et brumeux
Faisait, dans l’âtre sourd, crier le bois fumeux,
L’aïeul disait comment, à travers les nuits sombres,
On voyait circuler d’inconsolables ombres :
Comment, dans les couloirsde quelque vieux couvent,
Rongé par le brouillard et battu par le vent,
Les moines, qui dormaient sous l’herbe des ruines,
Se levaient de leurs lits pour aller à matines ;
Et les petits enfants, dans leurs berceaux couchés,
Écoutaient sans haleine, et se tenaient cachés,
Car nous craignons la mort avant de la connaître.
Ces temps-là valaient mieux que les nôtres peut-être :