Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/242

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Aucun prodige alors ne semblait singulier :
Même avec l’impossible on était familier,
Et croire, c’est déjà la moitié d’un miracle.
La logique à présent est notre seul oracle :
Les récits merveilleux ont perdu leur pouvoir,
Et l’aveugle raison veut nous apprendre à voir !
C’est triste. Vous pourtant, dont l’heureuse faiblesse
Aime des fabliaux la naïve simplesse,
Oyez une légende : et tous, comme autrefois,
Faites auparavant le signe de la croix.

RÉCIT.
I.
Sur un roc escarpé, dont la hauteur commande,
Et couvre d’ombre un lac de la froide Finlande,
Le château d’Arlinkow dormait avec ses tours,
Dont les vieux clochetons ser vaien t d’aire aux vautours.
Les bergers racontaient qu’un sorcier d’Arménie
Se l’était fait tailler par un mauvais Génie.
De nébuleux soldats veillaient sur ses créneaux,
Où la brume attachait de bizarres drapeaux,
Et l’on voyait, le soir, comme autant de paupières,
S’ouvrir, en s’allumant, ses lucarnes de pierres.
Les rivages du lac étaient inhabités.