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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/265

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Quand, éclipsé par l’âge, éteint à sa surface,
Comme un astre qui meurt, un grand homme s’efface.
Chacun réveille alors, autour de son trépas,
L’éclat, qu’avant sa chute on ne remarquait pas.
Au creuset du sépulcre épurant sa poussière,
On lui fait du linceul un manteau de lumière.
Ne pouvant plus le voir, chacun veut l’avoir vu :
Et c’est à qui, pleurant son départ imprévu,
Consacre à son absence un encens plus sonore.
La mort met en saillie un beau nom qu’on ignore,
Et, quand il est connu, le porte encor plus haut.
Sans doute, avec le reste, on l’oublira bientôt ;
Mais à l’heure qu’il tombe, il s’élève, il surnage :
De sa courbe expirée on reprend le sillage :
Et ses concitoyens, penchés sur son cercueil,
Recomplètent leur ciel, en en portant le deuil.

Aix-les-Bains, 1829.