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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/288

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Ses chants aux cœurs blessés apportent le dictame :
Quels regards, quand il souffre, interrogent son âme ?
Aucun. Si dans ses vers, tout mouillés de ses pleurs,
Il attiédit en nous nos foyers de douleurs,
Ou ramène l’espoir, en en traçant l’image,
D’un souvenir vers lui détourne-t on l’hommage’?
Jamais. Quand jusqu’à nous s’exhalent ces soupirs,
Qui flattant nos ennuis, ou berçant nos plaisirs.
Semblent faire voler, sur des ailes de flamme,
La prière d’un ange, amoureux d’une femme,
Nous aspirons de loin ce souffle harmonieux,
Qui passe sur nos maux comme un rêve des cieux ;
Mais qui songe au poète, à sa fièvre, à ses larmes,
A tout ce qu’il lui faut payer à Dieu d’alarmes,
Pour obtenir de lui le pouvoir d’attendrir,
D’enchanter des oisifs, qui le laissent mourir !

Las ! oui : quand de ces chants l’humaine providence
Daigne, avec nos chagrins, entrer en confidence :
Quand ces vers radieux, de l’avenir chéris,
D’un rayon de bonheur dorent nos fronts flétris,
Réchauffent nos vertus, font rougir l’inconstance,
Ou prêtent à l’amour leur brûlante assistance,
Nous ne songeons pas plus au cœur qui les pleura,
Qu’à la rose qui tombe aux champs qu’elle enivra,
Et fait, de ses parfums, un legs à nos parures.
Peut-être tous ses vers sont autant de blessures,.