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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/307

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Frêles et purs joyaux des mines du printemps,
Vous les verrez partout sourire à vos vingt ans,
Briller dans les tournois de la" danse et des armes,
Décorer un cercueil, en tombant de vos charmes,
Et, variant les tours de leurs muets accents,
Couronner la pudeur, en excitant les sens.
Mais c’est l’Amour surtout, qui, dans sa vigdance,
Parle et lit couramment leur élégant silence ;
C’est lui, toujours habile à ne jamais trouver,
Le mot capricieux, qui pourrait le prouver,
L’Amour, qui, pour fléchir d’insensibles idoles,
Le premier, dans nos champs, sut cueillir des paroles.
Que de lieux, où le cœur a fait, dans un bouquet,
Passer ouvertement la voix qui lui manquait !
Sur les rives du Gange, aux bords du Bendémire,
Sous les bois de rosiers, où s’endort Cachemire,
C’est ainsi qu’on parvient à se tout révéler,
Quand on ne peut s’écrire, ou qu’on n’ose appeler.
Tantôt vers la tourelle, où pleure une captive,
Le ramier va porter l’adonide plaintive :
Tantôt, entre ses mains, qui rêvaient un billet,
Jette, comme un serment, la pourpre de l’œillet,
Ou, blotti sous son voile, attise, dans ses veines,
Les promesses de feu qu’exhalent les verveines.
Il n’est pas une plante, au pays des kaliphs,
Qui ne cache en ses plis quelques aveux furtifs ;