Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/309

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Ce n’est point un mensonge, à loisir concerté :
Quelque chose de l’homme habite leur beauté.
Libre à nous de flétrir la naïve chimère,
Qui, sous l’abri soyeux de leur disque éphémère,
Transporte, après la mo*rt, notre immortalité :
Mais n’interdisons pas à la crédulité
L’espoir, qu’en nous quittant, l’illusion transfuge,
Dans leurs nids satinés, se choisit un refuge.
Quant à moi, j’en suis sûr, esprits légers des airs,
Les sylphes protecteurs de ce grave univers
Vont tous, quand ils sont las du joug de leur tutelle,
Chercher, pour y dormir, ces temples de dentelle.
Sous leurs dômes d’agate, ou leurs dais de lapis,
Nos songes préférés, tout le jour assoupis,
Ne fuient qu’à son déclin, pour peupler nos courtines,
Leurs trônes chamarrés de l’or des étamines.
Nous ne le savons pas que c’est là leur séjour ;
Mais un instinct secret nous y mène, le jour,
Redemander des nuits la vaporeuse escorte,
Ces plaisirs du sommeil, que le réveil emporte,
Ces songes diaprés, dont les clefs de corail
Vont, sous nos yeux fermés, ouvrir leur frais sérail,
Et le bonheur enfin, ce rêve, qui s’effeuille,
Et pour qui vient l’hiver, avant qu’on ne le cueille.

Vous donc qui d’un jour sombre accusez la langueur,
Et voudriez parfois, abrégeant sa longueur,