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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/312

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Mûrissant sous les eaux, où flottent ses alarmes,
Comme un talent profond sous le voile des larmes,
Le nymphaea sublime, en demeurant obscur,
A la Gloire, qui pleure, offre son lit d’azur :
Et le laurier hautain, repoussant le Génie,
Le renvoie habiter la pensive hélénie.
Du Démon fantastique, aux bardes familier,
La pâleur nuageuse attriste l’églantier,
Et, comme le printemps, l’Espérance légère
Sourit dans l’aubépine et dans la primevère.
Les sentez-vous déjà, ces esprits gracieux,
Croyant changer de fleurs, se mirer dans vos yeux,
Ou de vos cheveux blonds boucler l’or qui voltige ?
Laissez-les s’enivrer : ce n’est pas du vertige.

Lasse des bruits mortels, aimez-vous le repos ?
Nous irons, sous le saule, évoquer, près des eaux,
Le trèfle matinal, la ményanthe humide, Fille des jours sereins, que l’orage intimide, Dont la neige recluse attire le pêcheur, Et semble, de notre âme, inviter la fraîcheur, A redouter, comme elle, un souffle qui la fane. Du monde aromatique, à nos yeux diaphane, Lisons tous les trésors que nous rencontrerons,. Depuis le chèvrefeuil jusqu’aux doux liserons, Dont les cloches de rose, en rubans déroulées, Captivent de l’hymen les ailes rassemblées.