Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/314

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Des tiges du rosier, que la mousse environne,
Sur le bleu mélilot il porte sa couronne,
Et passe incessamment du pudique osyris,
Aux ruses de l’acanthe, aux pièges de l’ophrys.
A peine a-t-il touché la naïve argentine,
Qu’il fane, en l’effleurant, la pauvre éphémérine.
Son berceau se balance aux épis du lilas,
Sous l’humble nivéole il prépare ses lacs ;
Irons-nous l’y chercher, ou de la fraxinelle
Faire jaillir le feu, dont son vol étincelle,
Ou loin de l’énothère et de sa vanité,
Baiser la tubéreuse, où dort la volupté ?
iNon, non, préférez-leur l’helvétique astragale,
Ou l’abàtre veiné de la pyramidale,
Ou le polygala, loin du monde habitant :
C’est là que vit l’Amour, quand l’Amour est constant.

Quels secrets maintenant puis je encore vous dire,
Sinon qu’il ne faut pas, quand j’implore un sourire,
Me jeter cet œillet, quelquefois recherché,
Qui renferme un refus dans son sein panaché,
L’ingrate polémoine, ou la fausse mirtyle
Qui donne, en trahissant, l’ordre qui nous exile ?
Un autre à ces leçons peut un jour ajouter,
Mais il est tant de Ileurs, qu’il faut nous arrêter :
Ma mémoire s’égare, elle hésite, et la lyre
Refuse les jardins, (pie je lui donne à lire.