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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/329

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L’absence, à cot espoir, paraît moins éternelle.
On ne per qu’à moitié l’ami qu’on se rappelle ;
Il revient prés de nous, lorsque le jour décroit :
Le jour, on s’en souvient : la nuit, on le revoit.

La splendeur du soleil lait germer le génie :
Nourrie à son foyer, la pensée infinie
S’échappe du cerveau, comme un de ses rayons :
C’est le jour qui préside aux grandes actions ;
Mais la nuit nous révèle un plus riche héritage :
Peut-être on pense moins, mais on sent davantage.
C’est l’heure des secrets, et surtout de l’amour :
Pour trouver ce qu’on aime, a-t-on besoin du jour ?
L’ombre inspire à nos yeux une adresse divine :
Ce qu’on voit s’embellit de tout ce qu’on devine :
Les roses qu’on soupçonne ont un parfum plus doux.
Tout ce qui veille encor n’existe que pour nous :
L’insecte, qui bourdonne autour des chèvrefeuilles,
Le pinson, qui voltige et s’ébat dans les feuilles,
De l’esprit emporté calment le pouls fiévreux,
Et, lasdu bruit qu’oncherche, on se laisscêtre heureux.
Le trèfle frémissant, que la brise chatouille,
L’aubépine qu’on frôle, et l’onde qui gazouille,
Sont presque des échos d’un entretien des cieux,
Quel’on ne traduit pas, mais quel’oncomprend mieux.
Comme un sylphe égaré, dont la mélancolie
Caresse l’or tremblant des cordes d’Éolie,