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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/340

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Je crois sentir aussi son silence argenté
Rafraîchir de mon sang la fiévreuse âcreté.
Si la lune est absente, il reste des étoiles :
Et leurs feux, dépliés dans d’invisibles voiles,
Semblent, du fond des airs, députés sur nos bords,
Caravane suprême, y semer leurs trésors.
Je ne demande pas, quelle règle éternelle
Entretient, en marchant, leur clarté fraternelle,
Et si, dans les calculs de ce terrible jeu,
Le compas de Newton a su deviner Dieu :
Que m’importe ! Une voix descend de leur lumière,
Qui m’invite à tenter leur rive hospitalière :
Lors, suivant cette voix, comme un chasseur perdu
Suit d’un flambeau lointain l’appel inattendu,
Mon âme se soulève, et, déjà délassée,
Sous les brises du ciel respire balancée.

Je cherche, par mon vol, à démentir mes fers ;
Tantôt pour aborder ces régions d’éclairs,
Jetant mes ponts d’azur d’une planète à l’autre,
Je porte dans leur monde un souvenir du nôtre :
Tantôt d’une comète armateur fugitif,
Du globe appareillé je gouverne l’esquif,
Et je vais, à travers l’or brûlant des cordages,
Contempler des soleils les bouillants paysages.
Si quelque bruit mortel interrompt mon orgueil,
Le silence a bientôt submergé cet écueil :