Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/355

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Semble, en se divisant, perdre son amertume ;
La flamme, sans détruire, aux deux trépieds s’allume.
L’esprit qui s’envenime, en lui-même exilé,
Déchire le bandeau, dont il fut aveuglé :
Et, prompte à repousser la nuit qui nous bâillon no,
En trouvant un écho, la parole rayonne.

Heureux qui, jeune encor, rencontre en son chemin,
Cet écho, dont sa voix n’espérait plus l’hymen.
Qu’on soupçonne souvent, sans croire qu’on le trouve.
Moi, je n’y comptais plus : et pourtant, je l’éprouve,
Le poids de ma pensée est moins lourd qu’autrefois :
Son aiguillon s’émousse au son de votre voix :
Un mot consolateur, en glissant sur mes peines,
Sembleembaumerma vie, et mon sang dans mes veines.
Même avant qu’un hasard, joignant nos deux sentiers,
Ru côté de vos champs entr’ouvrît mes halliers,
J’avais, d’un ciel plus doux prévoyant les approches,
Dans mon sein fataliste étouffé mes reproches.
Comme un homme, oublié sur quelqu’île de mort,
Qui, sentant tout à coup un virement du sort,
S’élance sur la rive, et voit au loin, sur l’onde,
Le vaisseau deviné lui rapporter le monde ;
J’ai senti s’avancer l’espoir, que j’attendais.
N’était-ce point vos pas, dites, que j’entendais ?