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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/364

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Sous l’ogive des bois, aux piliers des bouleaux,
De nos vœux dispersés recueillons les tableaux :
Et, d’un sort menaçant démentant les présages,
Comme un oracle ami lisons nos paysages.
Soyons comme ces fleurs qui semblent, à l’écart,
Écouter si le soir, de sa main de brouillard,
Vient, soignant leurs beautés, de fraîcheur envieuses,
Border leurs coupes d’or de perles pluvieuses.
Essayons de prévoir un ciel long-temps serein :
N’allons pas, évoquant l’orage du chagrin,
Laisser l’Aziola, pleurant dans la feuiliée,
Des chants de la fauvette attrister la veillée :
Qui sait si cette nuit n’aura pas le pouvoir
D’allonger, d’un anneau, notre chaîne d’espoir ?

Où je vois un Éden, laissez-moi voir une Éve :
Confions-nous tout bas nos secrets, notre rêve :
Nouons nos deux passés, marions notre ennui :
Retrouvons-nous ensemble hier comme aujourd’hui.
Inventons, s’il se peut, quelque hymen impossible :
Et vers cet avenir, dont la glace inflexible
Me réfléchit mes pas, d’avance embarrassés,
Ne fût-ce qu’un moment marchons entrelacés.
Même, sans les nommer, accordons nos souffrances :
Sans nous dire leurs noms, joignons nos espérances,
Et voyons-les, de loin, se suivre, en s^embrassant,
Comme, aux sentiers perdus du ciel éblouissant,