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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/365

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Ces deux globes jumeaux de forme et d’existence,
Qui ne semblent unis, qu’à force de distance.



Que j’aime, Maria, que je préfère au jour,
Ces heures, dont la paix conspire avec l’amour,
Et dont le vol, mouillé des pleurs du crépuscule,
Comme un songe de fée autour de l’âme ondule !
Le jour est trop brillant pour l’œil des malheureux :
Ses éclairs sont trop vifs, trop forts, trop généreux ;
Mais quand l’ombre grisâtre en éteint l’opulence,
L’ombre étend jusqu’à nous son réseau d’indolence,
Et, sur les cœurs fanés, descend plus doucement,
Que, du nid balancé d’un rossignol dormant,
Une larme du soir sur la feuille ternie,
Que de son premier dard l’automne aurait jaunie.
La nuit a des trésors pour les infortunés :
Si vous voulez les voir, je les connais : venez !

Sous ces genêts, couverts d’une gaze d’ébène,
Voyez-vous scintiller cette étoile incertaine ?
C’est un insecte oiseux, qui se cachant du bruit,
Et jetant ses lueurs seulement dans la nuit,
Sans craindre le reptile, ou l’épervier qui rôde,
Allume, pour l’amour, son fanal d’émeraude.