Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Souvent, quand j’étais seul à hanter ces taillis,
Je me suis dit : Heureux, sous ces bois recueillis,
Qui, dans son ermitage, emporte, avec l’étude,
Un flambeau, dont l’éclat trompe sa solitude,
Et. bornant les rayons de son phare jaloux,
N’étend pas leur clarté plus loin qu’un rendez-vous !
Tel m’inspirait jadis, en longeant la charmille,
Ce petit feu vivant, qui dans l’herbe dardille.
Maintenant qu’avec vous mes yeux l’ont reconnu,
Je crois que, sur nos bords, c’est un astre venu,
Pour dorer vos chemins d’une sainte lumière,
Et qui, pour vous fixer dans notre humble carrière,
Veut, —abaissant le ciel, trop haut pour notre vol,
Consteller, sous vos pas, l’indigence du sol.

Que veut dire la brise aux buissons de la haie ?
Est-ce une Ombre qui passe et pleure sous l’aulnaie,
Qui vient de vos serments réclamer le trésor ?
Oh ! ne répondez pas, et qu’elle pleure encor !
Hors même des vivants j’ai peur qu’on ne vous aime :
On ne peut vous chérir, qu’aux dépens de moi-même.
Non, le vent sans pitié n’apporte point des cieux
Une voix du passé, qui dicte nos adieux.
Son souffle, qui retient les feuilles accouplées,
Semble aussi retenir nos deux âmes mêlées,
Et, sur mon front bruni roulant vos blonds cheveux,
Me promettre un espoir, plus riche que mes vœux.