Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/374

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LES ILLUSIONS.

Votre soif, un moment, n’a pas même effleuré
La coupe d’un banquet à peine inauguré,
Et, convive souffrant que blesse un air de fête,
Le sourire effrayé sur vos lèvres s’arrête !
Ah ! croyez-moi : la vie, on ne la connaît pas ;
Tel en médit tout haut, qui la bonit tout bas.
Est-ce à moi cependant de trouver qu’elle est belle ?
J’ai vu plus d’une fois, semblable à l’hirondelle,
Dont le vol va mourir sous un ciel inconnu,
S’envoler mon espoir, qui n’est pas revenu,
Je n’ai pas malgré tout abjuré mes chimères ;
Je crois qu’il est des fleurs, qui ne sont point amènes :
Et vous, jeune, adoptant une froide raison,
Où j’attends un parfum, vous cherchez un poison !
J’ai vu plus de pays que vous n’avez d’années,
Et souvent la tempête a flétri mes journées :
Je n’en marche pas moins au-devant du destin ;
Et vous voulez, enfant, parti de ce matin,