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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/396

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Refait dans son creuset la nature éclipsée,
Et présente à nos sens le ciel de la pensée.

Ermite négligent d’un Éden de son choix,
Qui ne s’est pas, le soir, arrêté dans les bois,
Pour entendre de loin le vent, qui les effleuré,
Balancer dans ces nefs le bruit plaintif de l’heure !
Ce bruit inanimé, créé par les vivants,
Perd ce qu’il tientde l’homme, en traversant les vents,
Et, de ces messagers d’un monde plus austère,
Emprunte, pour mourir, un accent de mystère.
J’aime, du cor chasseur, grondant ses lévriers,
La fanfare d’appel, le long des coudriers,
Et le sifflet lointain du berger dans sa lande,
Quand il ramène au parc ses moutons qu’il gourmande.
La nuit, à chaque pas, qu’elle fait dans les airs,
Éveille, autour de nous, d’ineffables concerts.
Mais parmi tous ces bruits, dont l’onduleux murmure
Vient de la part de l’homme, et non de la nature,
Celui que je préfère, et qui sait mieux, le soir,
De mes ennuis bercés assoupir le. pouvoir,
C’est le sourd tremblement de la cloche du prêche,
Dont le glas villageois tinte autour de la crèche :
C’est l’agreste Angelus, qui, du haut de la tour,
Semble, dans les déserts, sonner la mort du jour,