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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/41

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II.
L’Éternité ! qui sait si ce mot de géant
N’est pas, au lieu du ciel, un surnom du néant ?
Le port qui nous attend n’est peut-être qu’un gouffre.
C’est pour cela qu’on vit, et pour cela qu’on souffre !
A.h ! si le but de l’homme est d’aller, dans ce port,
Dormir d’un long sommeil sans se douter qu’il dort,
Pourquoi tant fatiguer sa voile aventurière ?
Heureux qui, des honneurs secouant la poussière,
Abjurant et la gloire et ces molles amours,
Dont les liens rompus nous accablent toujours,
Viendra, le cœur contrit, la tête pénitente,
Sous l’arbre de là croix planter ici sa tente !
Dans le monde souvent la foi nous dit adieu :
Le cloître est un sépulcre, où l’on espère en Dieu.

III.
Pèlerins, qu’ont courbés vos doutes incrédules,
Venez suspendre ici vos bourdons, vos cédules,
Et prendre, en les quittant, des leçons de repos :
Le bercail est ouvert au retour des troupeaux.
Ici la paix de l’âme est un saint patrimoine,
Qu’exploite à son profit le cœur de chaque moine.