Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

De son ombre qui vole, empoisonne les fleurs,
Irais-je, du brouillard de mes sombres douleurs,
Faner ta destinée, heureuse sans la mienne ?
C’est trop jeter ma vie en travers de la tienne.
Laisse-moi te quitter : je sens que j’ai besoin
D’exister isolé, de mourir sans témoin :
J’ai besoin d’un autre air, besoin d’autres orages,
Et, sur de vrais écueils, besoin de vrais naufrages
Il me faut secouer l’amour dans le péril,
Étourdir mes soupçons au roulis de l’exil.
Un navire m’attend, qui fait le tour du globe !
C’est un port voyageur, où l’ennui se dérobe :
Laisse-moi, dans ce port, m’abriter contre moi.
Si je reviens jamais, je reviendrai pour toi.
PLANS DE