Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/462

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Le dernier talisman, le seul et dernier gage,
Qu’aient légué tes adieux aux baisers du veuvage !
Envoie à mon amour un rêve de ta voix :
Comme au tomber du jour, un long soupir des bois,
Berce, attendris, console une âme envenimée :
Entoure-moi long-temps de ta mémoire aimée :
Que je puisse, un instant, racheté du sommeil,
Reconquérir ma part du ciel et du soleil !
Que le monde attentif devine, à mes images,
Quel souffle inspirateur a nourri nos ouvrages !
Qu’on sente ta présence en mes vers palpiter !
Et si le désespoir, plus prompt à les dicter,
Ternit sous mes pinceaux les couleurs du langage,
N’accuse, au lieu de moi, que le sort qui m’outrage :
J’aurais pu réussir, en te voyant toujours.
Mes vers n’auraient vécu, qu’appuyés sur tes jours :
Pour fleurir à ton ombre, il leur fallait du calme.
Plus de siècle à présent, qui me tende la palme !
Pour mériter la gloire, il fallait te chérir :
Et t’aimer comme moi, comme moi ! c’est mourir.