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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/464

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Si les pleurs effaçaient ce qui me vient de toi.
Mais pourquoi, par tes dons, m’exciter à renaître ?

Console-moi d’aimer, en me laissant mourir :
Et si, sans le vouloir, j’ai blessé ta tendresse,
Lassé ta patience, au lieu de la chérir,
Comme on excuse un rêve, excuse ma tristesse.

Ne m’en veux pas des pleurs, que je t’ai fait verser,
Des mots injurieux, qui brûlent sur ma lèvre,
Et que je dis souvent, ne pouvant les penser,
Comme si la parole étourdissait la fièvre.

Je t’avais demandé, pour aider ces travaux,
Dont tes jeunes conseils n’exhortent plus la flamme,
Ton image, tes yeux, qui guidaient mes pinceaux :
Et toi, tu m’as donné l’image de ton âme !

Écho, qui me réponds, sans répéter ma voix,
Qui changes ma prière, au lieu de la redire,
Réveille, Maria, mes accents d’autrefois :
Pour adorer ton nom, ressuscite ma lyre.

Oui, mes vers reviendront, pour te dire long-temps :
Qu’au moins jusqu’à demain je me résigne à vivre.
Incrédule au retour des rêves que j’attends,
Te voir marcher de loin, c’est encore te suivre.