Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/480

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Pourquoi cette inconstance ? astre matériel,
Vous voyez votre terre, errante aux champs du ciel,
Votre terre, soumise à sa courbe ordonnée,
Changer, près du soleil, ses bornes chaque année :
Et vous ne voulez pas qu’astre intellectuel,
L’amour, sans déranger son orbite annuel,
Puisse, près d’un soleil interdit à la vue,
Poser, en s’élevant, une borne imprévue !
L’amour vrai ne déroge, ou ne décroît jamais :
Quand il ne monte plus, il change de sommets.

Non, Maria, l’amour, tel que je l’interprète,
Ne peut pas s’éclipser dans le cœur du poète.
Tant qu’un nouveau déluge, ameutant ses fléaux,
Ne reconstruira pas le cercueil du chaos,
L’amour que tout nourrit, l’amour que tout augmente,
S’abreuvera partout d’un suc qui l’alimente.
Tout lui parle : il comprend cette algèbre de feux,
Dont les signes lactés se combinent entre eux,
Et blasonnent du ciel l’interminable page :
Pour lui seul, ici-bas, l’inconnu s’en dégage.
Comme un mot de sa langue, il traduit l’ouragan :
Il rattache sa vie au foyer du volcan,
Dont les bonds convulsifs font trébucher la terre.
Aigle désordonné, qui porte le tonnerre,
Il traverse à plein vol les tempêtes du cœur,
Ou, comme le ramier, palpitant de langueur,