Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/486

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SOUVENIRS DES MONTAGNES.

Ils se sont donc enfuis, pour ne point revenir,
Ces jours légers au cœur, si lourds au souvenir,
Ces rapides beaux jours, où notre âme se double,
Où, ne voyant plus rien qui nous gêne et nous trouble,
Le présent sait nous faire oublier l’avenir !
Un bonheur si chéri n’aurait pas dû finir.
Quel incurable vide ouvre son inconstance !
C’est en vain qu’hiverné dans ma froide existence,
Comme un dieu qui répond, je m’exerce à fléchir
L’art d’embellir l’écueil, qu’on ne doit pas franchir ;
La poésie, hélas ! ne fleurit plus mes landes,
Et l’ange ingrat des vers, effeuillant ses guirlandes,
Ne mouille plus mon luth d’un baume assoupissant :
L’extase inspiratrice a déserté mon sang.
C’était toi, Maria, toi qui la faisais naître :
Sitôt que ta beauté venait à m’apparaître,