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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/496

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Quand nos champs, pailletés de blanches étincelles,
Reverront les oiseaux se caresser des ailes,
Le soir, à la même heure où je t’aurai parlé,
Il se peut qu’un ami, moins triste, ou moins troublé,
Sans être plus aimant, te paraisse plus tendre :
Si tu te sens heureuse ou hère de l’entendre,
Je ne te dirai pas d’écarter son appui ;
Mais souviens toi d’un autre, en ne pensant qu’à lui.
Ma mort n’exige pas que tu lui sois fidèle :
Mais avant d’accepter une chaîne nouvelle,
Consulte dans ton cœur mes avis d’autrefois :
A ma mémoire absente interroge ton choix,
Et demande à mon âme, en la tienne enfermée :
Mon Dieu, m’aimera-t-on comme je fus aimée ?

Tu sauras, Maria, quand Dieu l’aura repris,
Quel fut mon dévoûment, et quel en est le prix.
De plus brillants joyaux orneront ta couronne ;
Mais il n’appartiendra, sois-en sûre, à personne,
D’exprimer, mieux que moi, le mal dont je mourrai.
J’ai tout senti, tout vu, tout dit, tout mesuré :
A genoux devant toi, j’ai touché le génie :
Tous les accents du cœur dans ma voix t’ont bénie :
J’ai pressé tous les mots des langues d’ici-bas,
Et ceux qui m’ont manqué, c’est qu’ils n’existent pas

De l’Immortalité convoiter l’héritage,