Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/503

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AVE SALUTARIS.

Comme les bateaux d’or d’un océan vermeil,
Les nuages, portant pavillon du soleil,
Voguent sous l’œil de Dieu, qui leur sert de pilote ;
Des anges voyageurs c’est peut-être la flotte,
Qui regagne, à la nuit, quelque havre descieux.
Oh ! que n’entraînent-ils mon âme avec mes yeux !
Je suis las de gémir aux rives de la terre.
Que je l’aime pourtant, à l’heure, où le mystère
Au creux de nos vallons descend, avec le soir,
Révéler à l’esprit ce que l’œil voudrait voir :
Quand le vent, qui frémit dans la feuille du chêne,
Semble, comme un écho de la cloche prochaine,
Sonner autour des nids l’angelus des forêts !
Le glaïeul, qui s’incline au bord des lacs secrets,
Ne se voit déjà plus dans le miroir de l’onde :
Les urnes du sommeil se penchent sur le monde.
Les astres, comme autant de lumineux pavots,
Qui nous versent de loin l’oubli des longs travaux,