Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/505

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Mais nul souffle ennemi ne peut la dissiper.
L’éclair devient douleur, en voulant s’échapper,
Et mes concerts plaintifs se teignent de détresse ;
Mais de ce sombre voile entrouvre la tristesse,
Et sauves-en les fleurs, que son ombre ternit :
Chaque mot qui te pleure en est un qui bénit.

Je parle de pleurer ! et pourtant tout à l’heure,
Quand ces vers frapperont au seuil de ta demeure,
La cloche tintera mon ancien jubilé.
Je m’étais bien promis qu’un spectre désolé
N’irait pas, de ma part, en faner l’allégresse ;
Je voulais écarter, des chants que je t’adresse,
Le deuil contagieux, qu’exhalent mes ennuis :
Mais ces chants, fils de l’ombre, ont la teinte des nuits.
Quoique le ciel soit pur, j’y vois, de ses royaumes,
Descendre, autour de moi, de nébuleux fantômes :
J’ai beau les repousser, l’avenir, sur ces bords,
D’un œil triste et jaloux surveille mes accords :
Puisaux feux du Cancer mes vers traînants succombent,
Leurvol, pour s’appuyer, veut des feuillesqui tombent.
Quand on aime beaucoup, on n’est jamais joyeux ;
On relit tout son cœur, dès qu’on ferme les yeux :
Et j’ai beau, dans le mien, revoir ta sainte image,
Le sourire s’éteint à la première page.